Extra care : habitat, santé et lien social
23.01.2023
Marion Ille-Roussel, doctorante, Centre de Recherche pour l'Habitat
Pour répondre au vieillissement accru de la population et au souhait d’une majorité de personnes de vieillir à domicile, la « réinvention des lieux du vieillir » s’impose. Depuis les habitats collectifs adaptés aux résidences services jusqu’aux lieux tiers, les solutions alternatives ou complémentaires aux établissements se développent, notamment dans le parc social. Leur spécificité : au-delà de l’aménagement technique, la proposition de services visant à préserver l’autonomie et la qualité de vie des personnes. Mais jusqu’où associer lieux de vie et de soins ? Quel lien social susciter au sein de la résidence, avec l’extérieur ? Illustration avec l'exemple de l'Extra care en Angleterre.
L’« Extra care », qu’est-ce que c’est ?
Marion Ille-Roussel : Les résidences anglaises de logement social sur le modèle de l’Extra care sont réservées aux
personnes de 55 ans et plus, avec des revenus compris dans les barèmes du logement social. Celles-ci regroupent des logements indépendants (T1 au T2) ainsi que des espaces partagés dans une résidence adaptée et sécurisée. La proximité avec commerces et services extérieurs du territoire est privilégiée en tant que possible.
Ce qui distingue ce type d’habitat est l’accueil de
trois profils de personnes seniors. La première catégorie concerne les personnes autonomes. Elles peuvent être intéressées par des logements accessibles, un cadre rassurant et des espaces favorisant le lien social pour lutter contre l’isolement. La deuxième catégorie regroupe les personnes engagées dans le processus de perte d’autonomie. Celles-ci nécessitent une aide régulière. Enfin, le troisième groupe est constitué de personnes à l’autonomie restreinte, ayant besoin d’une aide aux tâches du quotidien mais pas d’un soutien médical continu.
Qu’en est-il en matière de services ?
Les personnes accueillies peuvent faire intervenir les organismes de service de leur choix ou bénéficier de l’accompagnement proposé sur place. Ce dernier inclut le plus souvent un service de
téléassistance pour soutenir la sécurité des personnes et des
services d’aide à domicile pour faciliter les tâches du quotidien (habillement, courses, ménage…).
En complément, dans le logement social, un représentant du bailleur est présent aux heures ouvrées pour répondre aux questions liées au logement (techniques et administratives) et faciliter la vie dans la résidence. Les
activités collectives sont organisées à l’initiative des résidents les plus actifs et déployées dans des
espaces partagés de la résidence pour favoriser le lien social. Le représentant du bailleur a pour rôle de favoriser ces moments de convivialité entre les résidents, et fait le lien avec les acteurs externes locaux. Ce qui peut faciliter leur intervention ou participation aux animations et soutient l’ouverture au quartier.
Tout l’intérêt de cet habitat réside dans la
mutualisation des services pour les personnes alors même que l’intensité et la fréquence de l’aide apportée diffèrent d’une personne à l’autre, voire d’un moment de vie à l’autre pour une même personne. L’objectif est bien de permettre aux personnes, autonomes à leur entrée dans le logement, d’y rester le plus longtemps possible, en augmentant leur accompagnement au fur et à mesure du besoin, tout en gardant une variété de publics accueillis.
L’innovation collective, concrète et locale au service des aîné.es avec CASAH
13.07.2022
Contexte et besoins liés au vieillissement
En France, plus de 50% des locataires du logement social sont actuellement âgés de plus de 50 ans, et 30% d’entre eux ont 60 ans ou plus*.
Le
vieillissement de la population, s’il est prégnant dans le parc social, est
un enjeu de société. La majorité des personnes souhaite vivre chez elles le plus longtemps possible. Une situation qui questionne notre capacité à accueillir les plus âgé.es, aujourd’hui et demain, dans un logement qui correspond à leurs besoins.
Au-delà du logement, la pandémie nous l’a rappelé, les
interactions sociales sont essentielles au bien-vivre. Alors qu’une personne âgée sur 10 ne voit quasiment plus un membre de sa famille, et que l’exclusion sociale est renforcée par les faibles revenus*, la prévention de l’isolement relationnel prend toute sa place dans le développement du maintien à domicile des seniors. C’est plus globalement, l’enjeu de prévention en matière de
santé - physique, psychique et sociale - pour favoriser
l’autonomie des personnes le plus longtemps possible, qui a retenu l’attention des partenaires de CASAH.
Une approche globale : santé, social, technique
Améliorer « l’habiter », s’intéresser à la personne comme usager de son logement, et aussi de son immeuble et de son quartier. C’est ce point de vue qu’adopte le projet CASAH pour améliorer la
qualité de vie des personnes âgées dans l’habitat.
Ce projet vise à
susciter l’innovation autour de solutions et services dédiés au maintien à domicile, orientées sur :
- la prévention santé et notamment la prévention de la perte d’autonomie,
- l’accès aux droits pour les locataires seniors,
- l’adaptation technique du logement au bien-vieillir
- l’aménagement de la résidence et de ses abords, avec accès aux transports et aux commerces de proximité
- la préservation et le renforcement du lien social.
Ce projet expérimental se déploie à Saint-Etienne (Loire) sur deux résidences Alliade Habitat.
Principales étapes du projet
Lancé au printemps 2022, le projet CASAH s’organise sur trois ans.
2022-23 : OBSERVER, ECOUTER, CONCEVOIR
Première phase : diagnostic technique et social des besoins des seniors, en s’appuyant notamment sur l’écoute des locataires des deux résidences d’Alliade Habitat (visites sur site, entretiens individuels, rencontre collective).
Au dernier trimestre 2022, CASAH lancera un appel à idées. Adressé aux différents professionnels du maintien à domicile, du secteur médico-social et du bâtiment dans les territoires, il vise à susciter l’innovation autour de solutions et services favorisant le bien-être des personnes vieillissantes, à des coûts soutenables par leurs bénéficiaires et la société.
2023-24 : DÉPLOYER, TESTER
Les pistes retenues seront expérimentées sur les deux résidences intergénérationnelles de Alliade Habitat à Saint-Etienne. Celles-ci comprennent 71 et 19 logements, avec respectivement 43% et 66% de titulaires du bail âgés de 65 ans et plus.
2024-25 : EVALUER, PARTAGER
Ces deux résidences ont vocation à devenir des plateformes de démonstration. Les résultats de l’expérimentation seront analysés, évalués et modélisés dans un livre blanc en vue de soutenir leur réplicabilité :
- sur l’ensemble des résidences d’Alliade Habitat présentes sur la Loire et la Haute-Loire aptes au développement d’une offre de M.A.D.P.A.
- sur l’ensemble du patrimoine sur Auvergne-Rhône Alpes d’Alliade Habitat.
Prochain rendez-vous
Venez découvrir et échanger autour de CASAH à l’occasion du Congrès Hlm 2022, à Lyon les 27, 28 et 29 septembre. Les partenaires du projet vous accueillent sur le stand de DELPHIS (n°B58) !